Salut c’est Nina,
Hier, je devais partir en voyage et au dernier moment, j’ai renoncé. Ce voyage, c’était encore donner de mon énergie et plus de deux ans après le jour de ma défaite, je n’en ai pas encore suffisamment. J’en ai à peine pour m’occuper de moi et de mon fils, dans cet ordre.
Une dépression nerveuse (aujourd’hui plus communément appelée « burn out ») est une limite vers laquelle aucun employeur ne devrait avoir le droit de vous pousser sous peine de commettre un délit. Bien sûr, vous-même devriez détecter le point de non retour mais malheureusement, ce n’est pas voire jamais évident de s’en rendre compte. Par contre, une fois que vous avez touché puis dépassé les limites, je vous assure que vous savez exactement où elles sont et que vous ferez ce qu’il faut pour ne pas les re-franchir.
Mais alors, le mal est fait. Vos capacités sont diminuées pour un temps indéfini. Au début, vous pensez que vous allez retrouver votre ancienne force et que vous pourrez de nouveau cravacher…tout en faisant attention cette fois. Heureusement pour vous, le corps est bien fait et ne vous laissera pas faire car il ne reviendra pas comme avant : il sait que s’il récupère totalement, de nouveau vous allez lui faire revivre l’enfer car vous ne serez pas raisonnable.
Une dépression nerveuse est plus parlante qu’un burn-out. Burn out, c’est brûler toutes ses réserves d’énergie sans en laisser aucune, sans recharge possible. Une dépression nerveuse suggère qu’il y a une baisse de capacité à supporter mais que peut-être on pourra récupérer normalement. Une dépression c’est passager.
J’aime mieux le français. C’est plus positif.
Dépression nerveuse, c’est ce que j’ai ressenti. J’ai très bien vu et senti que mes nerfs étaient atteints peu à peu, que je supportais de moins en moins de choses, de gens, de lumière, de bruits, de sollicitations quelles qu’elles soient. J’ai eu des prémisses. Crise d’urticaire en entendant un son honni moralement (celui de la prière des fidèles d’Allah), plaques d’eczéma ou de psoriasis de plus en plus grandes et de moins en moins guérissables, sommeil entrecoupé d’angoisses justifiées ou non, des douleurs physiques intenses non expliquées et donc non soignées, allergies à des tissus synthétiques, baisse d’efficacité jusqu’au néant, jusqu’à ce que je m’en fiche complètement du travail, tout en étant là et en faisant semblant de faire quelque chose, intolérance graduelle à la douleur physique jusqu’à ne plus supporter l’épilation ou de me couper avec une feuille de papier, incapacité de ranger mes affaires, d’échelonner les tâches, de déterminer l’essentiel, incapacité d’aimer encore, de donner, d’apprécier le soleil ou un bon plat, une impatience sans limite, une vie de larmes et de souffrance.
Est-il possible de passer au dessous du degré zéro, de l’encéphalogramme plat, du battement de coeur à l’économie ?
Oui.
Au dessous, il y a encore la menace du suicide ou plutôt ce que je considère comme la dernière chance pour arrêter ce massacre, le dénigrement permanent de soi et des autres, le sabotage de mon travail et de ma vie.
Solution : il est urgent, obligatoire et sans appel d’arrêter absolument sans délai tout ce qui vous a mené là. Si ce n’est pas possible, alors il faut arrêter tout quand même. Si vous êtes indispensable, arrêtez. Si vous voyez que tout va périr sans vous, tout va couler, arrêtez. Votre vie et votre santé sont plus importantes. Et même si vous ne voyez pas comment tout de suite, vous comprendrez plus tard mais pour vous maintenant, un seul mot d’ordre : ARRÊTEZ.
Si vous allez jusqu’au bout, si vous descendez jusqu’à zéro ou bien si vous sombrez encore en dessous, la remontée sera longue, très longue et vous ne remonterez jamais aux sommets que vous avez connu. Votre faiblesse fera partie de vous comme une vieille peau que vous ne pourrez plus quitter, votre capital intellectuel sera atteint et vos capacités cognitives aussi. Il est urgent de ne plus rien faire car si vous arrêtez avant qu’il ne soit trop tard, vous récupèrerez vos forces, votre énergie, votre envie de vivre mais vous vous ferez conseiller cette fois pour en faire bon usage cette fois.
Inutile de culpabiliser. La société et le moule dans lequel elle nous oblige à nous modeler est en grande partie responsable de votre état. Mais la partie restante, c’est vous qui êtes responsable de vous-même.
Pour illustrer mon propos, sachez que je me sens encore diminuée, capable de plus de choses qu’après ma dépression nerveuse mais pas d’autant de choses qu’avant et que je suis heureuse lorsque je me rends compte que des choses bougent, rentrent dans un ordre plus acceptable pour moi. Je peux à nouveau planifier un voyage sans trop me fatiguer (même si j’ai annulé celui d’hier), je peux travailler à mon rythme et même me concentrer, je peux lire un livre et suivre un film, je peux faire la cuisine.
Tout cela à petites doses pour ne pas exagérer, comme une convalescente. La société actuelle ne laisse plus de place à la convalescence et c’est dommage. C’est le moyen pourtant le plus efficace de récupérer ses forces et de repartir. Juste se soigner et repartir tout de suite vous fragilise. La convalescence est longue et essentielle.
Bons baisers de Beylerbey.